Une fois que j'eus terminé d'écrire, je pliais sommairement la lettre et la posai sur notre lit. Je savais qu'Alice saurait la trouver puisque ses visions avaient déjà dû l'informer de ma décision.
Je restai un instant sans bouger, les yeux posés sur le papier et sur l'édredon. Je touchai la couverture une petite seconde en fermant les yeux. Alice s'était allongée ici, nous nous étions aimé et confié dans cette chambre. Notre chambre.

C'était un déchirement que de partir. Mais je savais que ma décision était la bonne. Je le sentais au plus profond de moi. Pour la première fois de ma vie, je faisais ce dont j'avais réellement envie.
Laisser de la liberté à la femme que j'aimais était une bonne décision. C'était aussi me laisser de la liberté.

Ensuite, je fis mes bagages à vitesse vampirique. Je ne savais pas exactement où j'allais aller. J'avais pris la décision de ma destination en écrivant la lettre. La Californie me semblait être un bel endroit où passer l'automne. Alors pourquoi pas ?

J'improviserais. Je n'avais pas énormément de choses à emporter. Des vêtements, des livres et des journaux intimes gardés depuis longtemps. L'essentiel de mes affaires personnelles. Le reste des bouquins qui m'importaient ou des vêtements pourraient rester ici. J'en rachèterais là où j'habiterais et Alice pourrait choisir de tout jeter ou de mettre dans un carton.

Lorsque j'eus finis mes bagages, ce qui ne prit pas plus de dix secondes, je quittais la chambre, descendis à l'accueil.
La séparation ne concernait pas que mon aimée, ma douce et adorée Alice.
Il y avait aussi le reste de la famille.

Je n'avais pas envie de leur dire au revoir. Et de toute façon, même si je comptais laisser Alice en paix, j'étais bien déterminé à rester en contact quotidien avec les miens. Il n'y avait personne à l'accueil. Tant mieux.
Je pris un carnet et notai brièvement les mots " Je pars en voyage pour une durée indéterminée, joignable sur mon portable. Jasper. "

C'était froid mais je n'étais pas capable de mieux pour le moment.
Après chose faite, je quittai la pension Cullen. Il fut difficile de pousser la porte, mon cœur se serra. Mais lorsqu'elle fût refermée et que le soleil de Louisiane m'éblouit, j'eus un sourire de soulagement.
Les choses allaient bien se passer pour moi, pour elle, pour nous.

La vie reprenait peu à peu son court depuis que les enfants avaient retrouvé de vraie famille. Jasper et moi nous nous étions fait une raison, nous n'étions pas encore prêt pour fonder une famille.

Je me trouvais dans ma boutique à travailler sur de nouvelles créations quand ma vie bascula si vite que je sentis chaque parcelle de cette dernière s'égrener entre mes doigts...

Jasper...

J'avais depuis longtemps craint ce moment. Jamais je n'aurais pensé qu'il viendrait si vite. Je le voyais... J'entendais chacun des mots qu'il écrivait dans ma tête...

Non...

Ce n'était pas possible. Je savais qu'il avait raison, j'arriverai trop tard à la maison, mais je me devais d'essayer. Pour nous, je me devais de le faire.

La vision avait été brève mais si longue à la fois. C'est comme lorsque vous frôlez la mort et qu'on vous dit que vous voyez votre vie défiler devant vos yeux. Moi je ne voyais que lui...

A vitesse Vampirique j'étais rentrée mais en arrivant, il n'y avait que le silence. J'entrais dans notre chambre. Son odeur hantait encore les lieux comme s'il avait été là. Mais il ne l'était plus...

La lettre était là, sur le lit. Je savais déjà ce qu'il y avait à l'intérieur mais je ne voulais pas la lire... Comment vouloir lire ce qui mettra un terme à votre vie présente...

Je saisis entre mes doigts cette feuille que mon aimé avait tenu quelques instants plus tôt et la serra tout contre mon corps. J'avais l'impression qu'il m'enlaçait tendrement par la taille, me serrant ainsi tout contre son cœur... Mais ce n'était pas la réalité, ca ne le sera plus...

Je regardais autour de moi. Quelques affaires avait disparut.

Je sortais de la chambre et me dirigeais vers la cuisine. Je me servis un vers de vin blanc et sortie dans le jardin.

La nuit était tombé. La brise était légère et douce. La lune éclairait le ciel. Je m'installais au pied d'un sol pleureur et bus quelques gorgé de mon vin.

Je savais qu'il était là, quelque part en route pour un nouvel avenir. Un avenir que je lui souhaitais plus heureux et magique...

Je me décidais enfin à déplier cette feuille... Je me décidais à affronter la réalité... Son départ...

Au fil des mots, j'entendais sa voix comme s'il était là, à mes côtés à me les dire... Il était parti... Pour de bon...

Il ne changeait pas de vie, il gardait son téléphone, son nom, notre histoire, mais il me rendait ma liberté, notre liberté...

J'avais la poitrine serré par l'émotion. Il avait raison, notre flamme s'était éteinte, et nous étions en train de nous détruire, de mourir à petit feu. Notre amour était toujours là, nous nous aimions toujours et c'était peut être cela le problème. A tant nous aimer, à tant vouloir être l'un prés de l'autre, à être possessif, nous nous étions condamné à une mort certaine...

Notre amour était si fort que nous nous brulions. Nous ne savions pas comment nous aimer plus. Et c'est surement cela qui m'avait poussé dans les bras de Priam... Nous étions captif de notre amour...


Je pliais tendrement la feuille qui contenait les derniers mots de mon aimé et pris appuis sur le tronc fort et infaible du sol pleureur. Je contemplais la lune qui me berçait de sa douceur tout en buvant mon verre de vin.

Pour la première fois de ma vie, j'étais seule...

Totalement seule... Allais-je arriver à vivre. L'envie d'appeler Jasper se fit de plus en plus forte, mais au fond de moi, je savais qu'il avait raison... Mes visons nous avaient guidé l'un vers l'autre et je l'avais aimé avant même de le voir. Notre destinée avait été toute tracé. J'avais vu notre avenir, notre bonheur, notre famille... J'avais tout vu, c'était comme si nous n'avions jamais pu choisir...

Pour la première fois de ma vie je ne voyais plus mon avenir...

Que devais-je faire..? J'avais froid... Je resserrais mes bras autour de mon corps. Le monde me paraissait soudainement si grand et si effrayant...

Jasper...

Mon âme sœur, mon confident, mon meilleur ami... Il était tout pour moi mais je lui devais de le laisser vivre sa vie. Il m'avait depuis tant d'année voué un amour aveugle, me suivant dans chacune des décisions, car il avait foi en mes visions. Alors pour une fois, je devais le laisser partir même si cela me brisa le cœur.

Ce n'était pas un adieu. Il nous avait juste rendu libre de nos choix...

Mes pensées se dirigeait vers lui. Je le voyais s'éloigner de Tamara, je le voyais triste et heureux à la fois... Je le voyais plus tard se promenant sur une plage de sable fin sous un soleil couchant. Je savais qu'il ne risquait rien. Je savais qu'il avait pris une bonne décision...